connecting, sharing, and reforming initiatives. budget calculator, money manager, budget planner, sharing

Informations les plus récentes
Articles vedettes

Programme RCFP 2024/25 : Entretien avec M. TCHIMOU Konan Dominique, Directeur de l'Administration Centrale, Direction de la Régulation et de la Modernisation de la Gestion Budgétaire, Côte d'Ivoire

10 mars 2025
TCHIMOU Konan Dominique

Le programme « Renforcer les compétences en finances publiques » (RCFP) en Afrique 2024/25 s’est officiellement achevé avec l’atelier d'évaluation des progrès en Afrique du Sud. Nous nous entretenons avec M. TCHIMOU Konan Dominique, Directeur de l’Administration Centrale, Direction de la Régulation et de la Modernisation de la Gestion Budgétaire, Côte d’Ivoire et autorisant de l’équipe AKWABA qui a participé au programme.

CABRI: À quel problème l'équipe de la Côte d'Ivoire est-elle confrontée et quelle est sa pertinence pour votre pays ? 

M TCHIMOU: Le problème présenté par l’équipe de notre pays est libellé : « LA PROBLEMATIQUE DE LA MOBILISATION DES RECETTES FISCALES ET LE SERVICE DE LA DETTE POURRAIENT REDUIRE L’ESPACE BUDGETAIRE NECESSAIRE AU FINANCEMENT DES INVESTISSEMENTS ».

L’encours de la dette publique a augmenté en volume ces dix dernières années dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne. Depuis 2011, le Gouvernement a réalisé d’importants travaux d’investissement (infrastructures, éducation, énergie et la santé, etc.) à travers la mise en œuvre de ses différents plans de développement (PND 2012-2015, PND 2016-2020 et PND 2021-2025).

Aussi, à l’instar des autres pays, la Côte d’Ivoire a subi à partir de l’année 2020, les chocs de la pandémie du coronavirus (COVID-19) puis de la crise en Ukraine, survenue plus tard en février 2022. Ces crises ont participé à l’augmentation du service de la dette publique avec les conditions économiques défavorables.

Bien que le niveau des recettes fiscales ait augmenté ces dernières années ( 2.213,0 milliards de FCFA en 2012 à 6.507,5 milliards en 2023), il reste toutefois que le taux de pression fiscale demeure en moyenne à 12,6% du PIB sur la période 2012-2023, en deçà de la norme communautaire (20% du PIB) de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA).

Au niveau budgétaire, les efforts du Gouvernement pour contenir l’effet de ces chocs et atteindre les objectifs d’investissement du PND ont induit une hausse des dépenses et des manques à gagner au niveau des recettes. Ainsi, le déficit budgétaire s’est progressivement creusé passant de [2,3%] en 2019 à [5,6%] en 2020, [4,9%] en 2021, [6,8%] en 2022 et [5,2%] en 2023.

Ce problème s’avère important pour notre pays, si bien que l’Etat de la Côte d’Ivoire a mis en place une politique budgétaire du Gouvernement, qui comprend une Stratégie de mobilisation des Recettes à Moyen Terme (SRMT). L’opérationnalisation de cette stratégie passe par la réalisation d’actions vigoureuses, notamment :

  • Accroissement de la mobilisation des ressources intérieures, notamment des recettes fiscales. 
  • Maîtrise du poids du service de la dette à travers la mise en œuvre de la stratégie de gestion de la dette à moyen termes.
  • Maîtrise de l’évolution de la masse salariale à travers la poursuite et le renforcement des actions de la stratégie de maîtrise de la masse salariale.
  • Maîtrise des charges de fonctionnement courant de l’Etat.
  • Accélération des investissements dans les secteurs moteurs de la croissance.

CABRI: Dans quelle mesure l'approche adoptée par l'équipe était-elle différente des autres approches de réforme en gestion des finances publiques (GFP) ?

M TCHIMOU: L’approche utilisée par l’équipe se distingue par son caractère itératif de mise en œuvre de réformes dans l’administration publique. Laquelle approche leur a permis de savoir que la recherche de solutions locales pour la résolution du problème choisi, passe avant tout par la déclinaison dudit problème en causes principales, puis en sous-causes ou points d’entrée ; ensuite, à mener des actions auprès des services concernés, adapter et à agir à nouveau. Enfin, des propositions de solutions élaborées de concert avec les services concernés et susceptibles d'être mise en œuvre.

C’est donc une approche innovante, contrairement à d’autres approches, où les solutions sont importées d’ailleurs et ne sont pas forcément compatibles au contexte local.

CABRI: L’atelier d’évaluation des progrès marque la fin du programme mais le début d'une nouvelle phase permettant aux équipes-pays de faire avancer le travail et de continuer à s'attaquer à ce problème important. Qu’est-ce que l’équipe vise à réaliser au cours des prochains mois/années et comment est-ce que le ministère compte soutenir leurs initiatives futures ?

M TCHIMOU: Les solutions issues des travaux de recherche de l’équipe doivent être assorties d’un plan de suivi et évaluation, en vue de s'assurer que les actions seront menées conformément à ce qui a été prévu dans le plan d’actions de base et d’effectuer les corrections nécessaires. Mais, avant tout, la restitution et le partage de cette approche s'avèrent primordiales.

Conformément à l'adhésion de la Côte d'Ivoire à CABRI , le ministère accompagnera ces initiatives futures, selon ce qui apparaitra nécessaire à faire lors de cette nouvelle phase.

L'équipe AKWABA de la Côte d'Ivoire a remporté le prix de la « Meilleure Présentation » pour le programme RCFP en Afrique 2024/25 pour les progrès significatifs qu'elle a réalisés dans la résolution d'un problème très difficile et politiquement sensible, y compris l'autorisation et l'acceptation qu'elle a acquises tout au long du processus et les solutions qu'elle propose.


Sign up to the CABRI Newsletter