Dans toute l'Afrique, les gouvernements examinent les moyens d'améliorer la prestation de services et les systèmes internes grâce à des technologies numériques. La mise en œuvre de ces réformes numériques est chronophage et requiert du capital politique et des fonds importants (Long et al., 2023). Trop souvent, la mise en œuvre du système numérique devient l’objectif, alors que c’est l’amélioration que la réforme est censée apporter qui devrait l’être (Cagnano et al., 2017). En règle générale, l'objectif n'est pas simplement de numériser (ou dématérialiser) un système, mais plutôt de le digitaliser – afin de s'assurer de l’amélioration des processus et de l’utilisation des bonnes données pour offrir de meilleurs services à la population.

Les ministères des Finances (MdF) jouent un rôle important pour garantir l'impact des réformes numériques. Premièrement, en tant que « consommateurs » de réformes, les MdF s'efforcent de digitaliser les systèmes de gestion des finances publiques (GFP) afin d'améliorer l'efficience et la transparence des dépenses publiques, et, à terme, leur qualité. Deuxièmement, les MdF jouent un rôle de « facilitateur » dans les réformes numériques des ministères dépensiers, en soutenant leurs modalités de passation des marchés, de financement et de suivi.

Cette approche signifie que les MdF deviennent des champions de la transformation numérique, ce qui n'était pas le cœur de leur activité jusqu'à une époque récente. Une grande partie de la recherche insiste sur l'importance de suivre une approche adaptative, modulaire et agile plutôt que de mettre en œuvre un système entièrement planifié qui « fait tout ». Cependant, la manière dont ces projets de transformation numérique devraient être gérés dans la pratique, n’est pas encore clairement définie.

L'Initiative africaine concertée sur la réforme budgétaire (CABRI) lance un nouveau domaine de travail afin de soutenir ses pays membres dans leur parcours numérique. Le travail « Améliorer la GFP numérique en Afrique » recueillera les expériences pratiques de pays africains sur leur chemin vers la digitalisation de la GFP et l'amélioration de l'efficience et de l'efficacité des dépenses publiques et de la prestation de services, complétant ainsi les travaux en cours de l'Overseas Development Institute (ODI), du Fonds monétaire international (FMI) et d'autres institutions et groupes de réflexion. L'accent n'est pas mis sur la gestion de l'ensemble des environnements de systèmes d'information existants mais sur la gouvernance d'un projet de transformation numérique des MdF, de manière adaptative, flexible et modulaire.