On s’accorde de plus en plus à reconnaître l'importance de l'autonomie financière des établissements de soins de santé primaires (SSP), en particulier en leur permettant de recevoir directement des fonds, pour parvenir à la couverture sanitaire universelle (CSU). Il a été démontré qu'elle améliore l'efficience des flux financiers, renforce la transparence et l’obligation de rendre compte, améliore la réactivité aux besoins locaux et produit de meilleurs résultats qui sont également plus équitables en matière de santé (Kuwawenaruwa et al. 2018 ; OMS 2022 ; Barroy et al. 2019).
Le système de gestion des finances publiques (GFP) et le ministère des Finances (MdF) sont souvent considérés comme des goulots d'étranglement qui entravent l'accroissement de l'autonomie financière des établissements. Toutefois, le système de GFP et le MdF peuvent également être des catalyseurs importants de cette autonomie, en favorisant une plus grande efficience opérationnelle et une plus grande responsabilité. Le MdF peut soutenir l'autonomie des établissements en : (1) sensibilisant les parties prenantes de la santé aux dispositions existantes en matière de GFP afin d'assurer une compréhension commune de ce qui est faisable et de ce qui ne l'est pas dans le cadre du financement des établissements ; (2) réfléchissant de manière critique, avec les parties prenantes de la santé, au flux financier optimal destiné aux établissements ; (3) autorisant les établissements à recevoir des fonds, en devenant des entités budgétaires ou des centres de coûts ; 4) permettant l'ouverture de comptes bancaires, soit à l'intérieur du compte unique du Trésor (CUT), soit en dehors de celui-ci ; (5) permettant aux établissements de conserver les fonds générés et de les reporter à l'exercice suivant ; et, (6) soutenant l'échange d'informations et l’obligation de rendre compte par le développement d'innovations numériques, telles que les systèmes d'information de gestion financière (SIGF) et l'argent mobile.
Souvent, le MdF n’est impliqué que trop tard ou que trop peu dans les réformes du financement des établissements. Son rôle est souvent sous-estimé par les parties prenantes de la santé, et il se peut qu’il ne se voie pas non plus jouer un rôle dans cette réforme et dans d'autres réformes du financement de la santé.
Le Dialogue sur les Politiques de CABRI portant sur la GFP en tant que catalyseur d'une plus grande autonomie des établissements de santé, qui devrait avoir lieu du 27 au 29 août à Maurice, a pour objet de remédier à cette lacune en réunissant les MdF, les ministères de la Santé et, s’il y a lieu, les ministères des Gouvernements locaux, pour qu’ils parviennent à une compréhension commune de la manière dont chacun peut soutenir l'autonomie des établissements. Plus particulièrement, il vise à :
- fournir une compréhension mutuelle et un langage commun de ce qu'est le financement des établissements, des problèmes qu'il vise à résoudre, des conditions préalables, des différents modèles de mise en œuvre et des avantages et des défis.
- décrire où le système de GFP pourrait constituer un goulot d'étranglement pour accroître l'autonomie financière, comment le MdF peut soutenir cette réforme et comprendre le point de vue de ce dernier sur les risques d’une autonomie financière accrue.
- créer une base pour l'amélioration du dialogue et de la collaboration entre les parties prenantes à l'avenir.
Références
Barroy, Kabaniha, G., Boudreaux, C., Cammack, T., et Bain, N. 2019. “Leveraging Public Financial Management for Better Health in Africa: Key Bottlenecks and Opportunities for Reform.” Organisation mondiale de la santé. https://doi.org/10.1017/CBO978....
Kuwawenaruwa, August, Michelle Remme, Gemini Mtei, Suzan Makawia, Stephen Maluka, Ntuli Kapologwe, et Josephine Borghi. 2018. “Bank Accounts for Public Primary Health Care Facilities: Reflections on Implementation from Three Districts in Tanzania.” https://researchonline.lshtm.a....
OMS. 2022. “Direct Facility Financing: Concept and Role for UHC.” OMS.