La mission de CABRI est de renforcer les compétences des fonctionnaires africains pour mettre en œuvre des réformes qui aboutissent à la mise en place de systèmes fonctionnels de GFP. Une des façons d’y parvenir, est par le biais de notre récent programme « Renforcer les compétences en GFP » (RCGFP), lancé en 2017 et fondé sur l’approche de l’Adaptation itérative pour la résolution de problèmes (PDIA). En outre, le programme RCGFP qui s’aligne bien sur le slogan de longue date de CABRI – « Qu’est-ce qui fonctionne, quand et comment » - est solidement étayé par notre approche d’apprentissage et d’échange entre pairs.
Le programme RCGFP a été élaboré en collaboration avec le Programme Building State Capability (BSC) au Harvard Center for International Development. Il s’agit d’un programme pratique et expérimental qui implique la résolution par des équipes-pays d’un problème de GFP, qui travaillent de manière pragmatique en équipe, tout en développant de nouvelles compétences. Sept équipes de pays africains anglophones ont terminé avec succès la première édition du programme RCGFP en Afrique en 2017. Outre l’acquisition d’une plus grande compréhension des causes profondes de leurs problèmes, ces équipes nationales ont renforcé leurs compétences, pris confiance et accompli des progrès substantiels – les taux de reporting financier ont augmenté, les budgets ont été préparés plus rapidement et les transferts et arriérés ont diminué.
CABRI publiera bientôt des études de cas du programme RCGFP 2017 qui décrivent les progrès et l’apprentissage réalisés par les équipes.
En février 2018, nous avons ouvert à l’ensemble des pays membres le processus de candidature pour le programme RCGFP en Afrique d’une durée de 8 mois. Les membres ont été invités à identifier un important problème de GFP dans leur pays et à sélectionner une équipe composée de 6 fonctionnaires. Cette année, nous avons reçu plus de candidatures que nous pouvions en accepter. Qui plus est, tous les pays qui avaient participé à notre programme précédent ont reposé leur candidature, malgré le travail considérable que cette participation implique - une enquête de l’édition 2017 a révélé que ce travail représente en moyenne 18 heures de travail par équipe et par semaine.
L’édition 2018 du programme RCGFP en Afrique comprend six équipes nationales venant de la République centrafricaine, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Lesotho, du Libéria et du Nigéria ; c’est la première fois que le programme réunit des pays anglophones et francophones. Les équipes ont terminé les deux premières phases du programme RCGFP, à savoir un cours en ligne et un atelier de cadrage, et travaillent maintenant activement à la mise en œuvre de mesures visant à s’attaquer aux causes profondes de leur problème. En décembre, les équipes participeront à un atelier de clôture afin de réfléchir au programme et de rendre compte des progrès réalisés.
Le cours en ligne de quatre semaines présente aux équipes les principes de l’approche PDIA et leur demande de déconstruire leur problème ainsi que de rassembler des données probantes sur son étendue et ses implications. Au cours de l’atelier de cadrage, qui s’est tenu à Pretoria, du 22 au 25 mai, chaque équipe a effectué une analyse complémentaire de son problème de GFP, qui est décrit dans le tableau ci-après :
Pays | Problème |
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Ghana | Les dépenses excessives des MDA entraînent des dépassements budgétaires qui entravent la prestation de services |
Côte d'Ivoire | Les budgets alloués aux MDA ne contribuent pas aux résultats attendus |
Libéria | Affectation limitée de fonds aux projets d’investissements du secteur public et sous-utilisation des fonds affectés |
République centrafricaine | Les écarts entre les dépenses en capital prévues et les dépenses en capital réelles |
Lesotho | Le ministère des Finances n’a aucune idée de combien les MDA ont besoin ou ne sait pas quand les fonds sont requis |
Nigéria | Le financement insuffisant du secteur de la santé se traduit par l’obtention de mauvais résultats en matière de soins de santé primaires |
L’atelier de cadrage qui s’est tenu à Pretoria, en Afrique du Sud, a également permis aux équipes d’identifier l’autorisation, les aptitudes et l’acceptation qu’il fallait pour résoudre leur problème. Bien que les équipes aient été autorisées par leur ministre des Finances à participer au programme, certaines actions peuvent nécessiter une autorisation supplémentaire et peuvent exiger que l’équipe obtienne l’acceptation de différentes parties prenantes.
À mesure du déroulement de l’atelier de cadrage, les équipes ont dégagé la complexité de leur problème et ont reconnu le manque de progrès accomplis par les solutions antérieures de « meilleures pratiques ». Cette reconnaissance a réitéré la nécessité de solutions locales et l’importance du contexte et des pratiques informelles. Bon nombre d’équipes ont noté que même si elles disposaient d’institutions formelles ou de lois pour régler le problème, celles-ci ne conduisent pas forcément à une meilleure fonctionnalité, comme dans le cas du Ghana, où l’existence de lois qui pénalisent le dépassement de crédits n’empêche pas sa survenance. Un autre exemple est la République centrafricaine où de bonnes lois sur la passation des marchés ne sont pas en mesure de réduire les activités de recherche de rente et la mauvaise gestion des contrats ainsi que les retards.
À la suite de l’atelier de cadrage, le personnel de CABRI soutiendra les équipes avec des séances hebdomadaires de suivi et au moins deux « visites » dans le pays afin d’évaluer les progrès accomplis et de guider les équipes dans le développement d’autres actions à mener et aussi de partager les enseignements tirés avec l’ensemble des équipes. Nous sommes impatients de vous faire part des progrès accomplis par les équipes RCGFP dans les prochains billets de blog et études de cas.