Ce blog qui a été initialement publié sur le blog GFP du FMI (IMF PFM blog) est partagé avec l’autorisation de l’auteur
De nombreux pays produisent une documentation budgétaire volumineuse, avec des rapports qui s’étendent sur des centaines de pages et comprennent des milliers de pages de données brutes
La production de documents budgétaires transparents requiert des décideurs qu’ils expliquent des concepts complexes à des publics différents. Agir de la sorte présente des avantages tangibles. Des documents budgétaires clairs et transparents peuvent renforcer l’impact des politiques, la planification budgétaire, la supervision législative et l’implication des citoyens. De tels rapports permettent aux décideurs d’indiquer les tendances économiques et budgétaires émergentes qui contribuent à la formulation du débat public et à l’annonce des interventions futures.
Un budget ouvert qui reconnaît les réalités économiques et budgétaires, de manière compréhensible, soutient la redevabilité ainsi que l’efficacité de la planification budgétaire. Il permet aux organisations de la société civile de prendre part au budget. Cette implication, à son tour, renforce le contrat social entre les citoyens et l’État. Et, fait décisif, la clarté de la rédaction même aide les ministères des Finances à affiner leur propre réflexion sur la stratégie et la politique budgétaires, ce qui se traduit de meilleurs choix politiques plus cohérents.
Tout cela peut sembler élémentaire, mais l’expérience prouve qu’il n’en est rien.
Voici 10 façons d’améliorer la transparence des documents budgétaires :
Pensez à vos lecteurs. Les principaux publics des documents budgétaires comprennent les services ministériels, les agences multilatérales, les investisseurs et les agences de notation, les entreprises du secteur privé et la société civile, ainsi que le grand public. Les documents budgétaires doivent être rédigés dans un style qui permet à tout lecteur intéressé de comprendre ce qui est dit et comment fonctionne le processus budgétaire. Ils ne devraient pas être élaborés pour un public d’économistes ou de spécialistes.
Ce programme constitue un défi, entre autres parce que la rédaction de cette manière commence par une réflexion claire. Il est plus facile d’étaler une suite de jargons que d’expliquer des concepts complexes. Mais écrire clairement et de manière accessible peut rendre plus nette l’acuité politique. En outre, c’est souvent lors de la rédaction que l'on découvre des lacunes ou des faiblesses dans un argument.
Un budget des citoyens est un complément utile, qui résume succinctement et en langage simple comment l’État collecte des fonds et les dépense, et ce qu’il fait pour soutenir le développement.
La structure doit se faire logiquement, en soutenant une orientation politique claire. Pour ce faire, les rédacteurs doivent bien comprendre le budget et ses messages clés. Les chapitres doivent être concis, avec des titres et des sous-titres logiques afin de guider les lecteurs à travers chaque partie.
Un chapitre synoptique de 10 pages bien présenté est le meilleur ami du décideur politique.
Les documents budgétaires doivent être clairement rédigés. Le langage doit être direct et la construction des phrases doit être concise. Il faut omettre les mots inutiles, supprimer le jargon, éviter la prose fleurie, expliquer les sujets techniques complexes et fournir un glossaire des termes techniques.
Comme l’a dit George Orwell : « La bonne prose est comme une vitre transparente ».
Lier directement les décisions budgétaires sur l’affectation des ressources aux thèmes politiques. Ces thèmes pourraient aller de l’établissement de l’espace budgétaire à l’adoption des réformes macroéconomiques ou microéconomiques, en passant par la promotion de la croissance ou la prise de mesures visant à réduire les inégalités.
Mettre davantage l’accent sur les documents et prendre des décisions fermes concernant le matériel qui est nécessaire, peut également réduire la longueur des rapports. Il arrive souvent que « L'économie de mots est souvent préférable à de longues phrases ».
Dès que les messages essentiels sont établis, une histoire va commencer à émerger. Ici le terme histoire ne fait aucune allusion à la fiction, mais plutôt, comme le dit le dictionnaire de Merriam-Webster à « une déclaration concernant les faits ayant rapport à la situation en question. » En d’autres mots, les perspectives macroéconomiques et budgétaires et les décisions politiques qui répondent à ces considérations, doivent être expliquées sous forme narrative explicite.
Ce fil narratif doit parcourir le document.
Trop souvent, les documents budgétaires sont une décharge de données, parsemés de longs passages qui entravent la compréhension du lecteur. Submerger le lecteur de détails ne contribue pas à la transparence ; au contraire, cela favorise l’opacité.
Quel est le « bon » niveau de détails ? Un rapport doit contenir les données probantes qui étayent les affirmations et souligner les principales tendances. Il faut que les données exhaustives dont disposent les ministères des Finances soient publiées sous une forme accessible – en fait, il s’agit souvent d’une exigence légale – mais cette documentation se trouve souvent dans des annexes ou des rapports distincts que les lecteurs peuvent être invités à consulter, plutôt que dans les principaux documents budgétaires. Dans ce contexte, il est utile de rappeler les paroles du mathématicien français Blaise Pascal : « Je n'ai fait cette lettre-ci plus longue que parce que je n'ai pas eu le loisir de la faire plus courte.»
L’analyse améliore l’utilité et l’orientation des documents budgétaires, qui sont plus que la somme des décisions de recettes et de dépenses. L’examen des tendances générales appuyées par des tableaux et des graphiques bien conçus, soutient la planification budgétaire et économique à long terme.
Les documents budgétaires sont des publications complexes qui impliquent plusieurs dates limites, points de données, messages politiques et prévisions. La production de documents professionnels requiert un calendrier de production, une équipe de rédaction avec une tâche bien définie et des services de mise en forme et de correction d’épreuves de bonne qualité.
Un auteur principal, qui rend compte à de hauts fonctionnaires du ministère, devrait assumer l’entière responsabilité des documents.
Une fois que les projets de chapitres sont rédigés, la mise en forme commence. Une équipe chargée de rédiger les documents budgétaires devrait s’attendre à effectuer plusieurs jeux de mise en forme et de révision en réponse aux commentaires des divers collaborateurs.
Une mise en forme rigoureuse et réfléchie est indispensable. Une seule erreur peut compromettre la crédibilité de l’ensemble du processus.
On nous dit de ne pas juger un livre à sa couverture. Mais une mise en page propre et attrayante joue un rôle important dans la façon dont le lecteur réagit à un rapport. Des polices de caractères lisibles, l’utilisation intelligente des couleurs, des graphiques clairs, suffisamment d’espace blanc – tout cela contribue à rendre un document accessible.
En conclusion, les documents budgétaires transparents peuvent renforcer l’impact des politiques et la crédibilité institutionnelle, qui à leur tour encouragent une supervision plus judicieuse, une redevabilité accrue et une plus grande participation des citoyens.