* Message de la Secrétaire exécutive- Notes sur la GFP en Afrique de juillet 2024
L’Initiative africaine concertée sur la réforme budgétaire (CABRI) vous transmet ses chaleureuses salutations.
Alors que nous concluons le premier trimestre de notre nouvelle phase stratégique de 5 ans - celle de l'expansion (2024 à 2029) - nous nous rappelons tout ce que nous avons accompli. Comme vous le verrez dans ce numéro de nos Notes sur la GFP en Afrique, l'année jusqu’à présent a été riche en événements !
Il s'est passé bien des choses en Afrique. Des pays se sont rendus aux urnes, d'autres se préparent à des élections législatives avant la fin de l'année. Tous feront face à un nouveau leadership au sein de leurs assemblées législatives et de leurs gouvernements. En Afrique de l'Ouest en particulier, la dynamique du pouvoir politique est en train de changer et le leadership est en train d'être redéfini. Le nouveau leadership ajuste fondamentalement les trajectoires potentielles des pays : les décisions d'affectation concernant les ressources économiques nécessaires aux moyens de subsistance des citoyens ainsi que qui a accès à ces ressources. Pour ces pays africains, à un nouveau type de leadership politique s'ajoute des crises multidimensionnelles – notamment des conflits armés et des populations déplacées – qui rendent la prestation des services publics encore plus complexe, physiquement et financièrement.
Tout bien considéré, la confiance du public est vivement remise en question sur notre continent et dans tous les pays du monde. De plus en plus de groupes de défense des droits, y compris des internautes, expriment leurs opinions et se soutiennent mutuellement dans la contestation des politiques publiques. Les événements qui ont suivi la présentation du projet de loi de finances 2024-2025 au Kenya, attestent d'une expression citoyenne croissante vis-à-vis des formulations politiques que la population juge insuffisantes pour protéger et améliorer l'expérience citoyenne. Les médias, les communautés, les entreprises, les organisations de la société civile, les communautés religieuses, les influenceurs et les citoyens ordinaires ont tous des opinions et des convictions sur les lacunes de la fourniture de biens et de services publics et, en fait, sur les moyens de lever des recettes publiques.
J'ai récemment été invité par la Banque mondiale à représenter CABRI à une réunion-débat et à faire part de mes expériences pour restaurer la confiance dans les administrations publiques, lors de son Forum mondial de l'administration publique : Transformer les gouvernements pour une planète durable, à Washington D.C. J'ai rejoint des panélistes de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), du monde universitaire, du Cambodge ainsi que du Malawi, pays membre de CABRI. Les intervenants ont mis l'accent sur différents aspects de la confiance du public, principalement axés sur la relation entre les politiciens/politiques et les citoyens. Je me suis particulièrement concentrée sur la fonction publique, c'est-à-dire les interactions entre les bureaucrates, en particulier ceux des ministères des Finances, et les citoyens. La doctrine de la confiance du public est enracinée dans l'ancien droit romain et, de nos jours, la théorie de la confiance est généralement considérée comme une fonction de la compétence (qualifications/aptitudes et connaissances), de la bienveillance (altruisme) et de l'intégrité (caractère moral). Un leadership digne de confiance exige la pratique de ces trois concepts. Au cours de la réunion-débat, j'ai attiré l'attention sur la bonne pratique de la gestion des finances publiques (GFP) qui contribue à gagner la confiance du public, en d'autres termes, sur la manière de renforcer concrètement les compétences en GFP et en leadership au sein du secteur public pour influencer efficacement les dotations budgétaires destinées aux services publics. J'ai souligné les approches des pays membres de CABRI pour approfondir la participation budgétaire. Il est impératif de créer et de maintenir des forums de collaboration et de cocréation sur la participation, afin de permettre à toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement, de mieux comprendre le budget national et son impact local. Cette perspective a rendu le profil de CABRI clair – nous sommes une organisation unique d'experts en GFP fondée sur l'adhésion.
L'Enquête sur le budget ouvert (EBO), réalisée par l'IBP (International Budget Partnership), a également été diffusée à la même époque, à la fin de mai. Elle compare la transparence des données, l'audit et le contrôle (ou surveillance) du pouvoir législatif ainsi que la participation du public dans 125 pays, dont la majorité des pays africains. Les indicateurs de l'EBO permettent de mesurer valablement la forme des systèmes et des processus nationaux de GFP. Cependant, d'une manière générale, à l'échelle mondiale, les notes attribuées pour les indicateurs de participation du public au processus budgétaire dans les pays, sont les plus basses. Ce qui compte en dernière instance, c'est la fonctionnalité de la GFP. Dans quelle mesure les systèmes et les processus de GFP réussissent-ils à faire comprendre le budget d'un pays, les services publics promis et les compromis et, à terme, à obtenir la confiance du public ? Et dans quelle mesure la GFP peut-elle réussir à favoriser une collaboration cohérente pour l’élaboration de meilleurs budgets futurs ?
En général, les lacunes du secteur public sont un secret de polichinelle avant le début des engagements publics. Compte tenu de l'ampleur des défis de la GFP dans un monde de polycrise, cette situation est considérablement amplifiée. Lors de nos réunions de l'Assemblée générale et du Comité directeur de CABRI à Accra, au Ghana, à la mi-mai, la nécessité de réaliser de véritables progrès en matière de développement pour relever les défis en matière de GFP a été réitérée comme un objectif essentiel pour la mise en place de systèmes de GFP plus résilients qui ont la souplesse nécessaire pour répondre à une telle crise. En tant qu'organisation africaine fondée sur l'adhésion, nous sommes prêts à découvrir et à générer l'ensemble des connaissances émergeant sur une bonne pratique pour les circonstances actuelles, ainsi qu’à interagir avec celui-ci. L'objectif des conseils en GFP est de transcender la compréhension traditionnelle et de se concentrer sur les résultats des progrès réalisés dans les contextes locaux des pays.
Si améliorer la confiance du public et la fonction publique face aux crises des finances publiques n’est pas un dilemme nouveau, leur résolution dans le contexte et l'ère modernes constitue une nouvelle tâche. CABRI a fait de la GFP numérique son nouveau domaine de travail de GFP, avec l'intention explicite de collecter une base factuelle pour concevoir les meilleurs moyens d'aider les pays à tirer parti des solutions numériques pour communiquer l’information. Bien que l'on sache que l'information fondée sur des données probantes est le fondement de la planification des dotations budgétaires et de la GFP, à l'ère numérique, des parties prenantes plus actives dans les espaces de participation du public, tant invités qu'inventés, devraient grandement faciliter l'établissement de relations à plus long terme entre le gouvernement et les citoyens de manière à renforcer la confiance.
Le travail de collaboration en cours de CABRI avec les pays membres et plus largement sur le continent, est actuellement axé sur les défis les plus pressants de la GFP, à savoir, le financement de la fourniture de bons soins de santé locaux, la résolution des crises de la dette des pays, y compris la réévaluation des domaines de dépenses publiques et des impôts, ainsi que la réalisation de projets d'infrastructures efficaces, pour n'en citer que quelques-uns. L'état d'esprit novateur de CABRI en matière de réforme de la GFP va se développer et s'étendre, en particulier par le biais de son programme fondamental, le programme « Renforcer les compétences en finances publiques (RCFP) » et des Dialogues sur les Politiques. Guettez l’apparition de nouveaux domaines de travail de GFP au cours de cette phase d'expansion, y compris dans un avenir très proche !
L'obtention et le maintien de la bonne réputation de la fonction publique et de la confiance du public sont des résultats clés du travail de GFP de CABRI, tels que déterminés par les besoins de nos pays membres. Lors de la réunion de notre Assemblée générale au Ghana, cette intention a été clairement exprimée, tout comme la directive adressée au Secrétariat de CABRI concernant notre plan de travail annuel et la nécessité de l'élargir constamment. Chez CABRI, nous pensons que les actions synergiques ont le pouvoir de stimuler et de faire progresser la transformation. En favorisant la collaboration, en renforçant les compétences, en générant le savoir et en apportant un soutien collégial, nous créons un espace de réformes locales inclusives et à fort impact de la GFP sur notre continent. En fin de compte, l'intention résolue est d'accroître les opportunités de collaboration avec un plus grand nombre de pays africains.
Nous sommes CABRI !
L'adhésion à CABRI est ouverte à tous les pays africains. Veuillez consulter notre Pôle de connaissances sur la GFP pour obtenir de plus amples informations sur la façon de devenir membre de CABRI ou envoyez-nous un courriel à : info@cabri-sbo.org. En outre, nous accueillons favorablement tout engagement au sein de la communauté plus large de la gestion des finances publiques.