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La confiance du public signifie … avoir vraiment confiance en nous-mêmes en Afrique

29 avril 2025
Dr Kay Brown

CABRI a connu un début d'année 2025 chargé ! Notre programme 2024/25 « Renforcer les compétences en finances publiques (RCFP) » s'est conclu par une discussion informelle avec les autorisants des équipes-pays de la Guinée et de Maurice sur le déroulement des événements mondiaux et les premières réactions à ceux-ci. Au cours du dernier trimestre, CABRI s'est également engagée sur des plateformes régionales, comme lors de l'événement de l'Union africaine en collaboration avec la Fédération panafricaine des comptables (PAFA) et du Dialogue régional de haut niveau du Programme des Nations Unies pour le développement sur les systèmes de finances publiques en Afrique.

Le privilège d’un point de vue africain est une compréhension intrinsèque de la nécessité d'améliorer les opportunités offertes à la population et du tribut à payer au respect des exigences internationales sur le plan de la souveraineté d'un pays – ce qui est certainement évident dans la faculté même de gouverner et de contrôler un pays.

Bien que cela puisse être appréhendé sous de nombreux angles, et surtout plus récemment être attribué à un phénomène exogène perpétré par des nations qui sont des puissances économiques mondiales, cela peut donc sembler dans une large mesure rendre un pays donné incapable de se défendre à la suite du coup de force politique des géants mondiaux. Il est donc nécessaire de mettre l'accent sur la gestion des finances publiques, aux niveaux national et régional.

D’un point de vue africain, de nombreuses choses sont à déplorer :

La plupart des pays à faible revenu et des pays en développement ont connu une baisse de leur taux de croissance économique au cours des deux dernières décennies. Selon les estimations, les projections de croissance à moyen terme sont inférieures à celles d'après la crise financière de 2008. Les pays sont actuellement confrontés à des pressions budgétaires sans précédent.

Outre une situation historique de capacité limitée de mobilisation des recettes, associée à des besoins pressants de dépenses pour les services publics nécessaires, la pandémie de COVID-19 a augmenté le niveau général d'endettement des pays. Par ailleurs, la pression du remboursement de la dette historique (d’origine) demeure. Pourtant, de nombreux pays n'ont pas les moyens de financer chaque année leurs propres besoins dans le secteur de la santé primaire.

Plus récemment, divers nouveaux chocs macro-budgétaires - guerres et flambées épidémiques - ont augmenté et augmentent les demandes de dépenses du secteur social et de la santé dont font notamment partie les catastrophes climatiques et autres événements, qui dépassent tous les confins des frontières nationales. Et pourtant, les conditions d’emprunt qui s’appliquent aux pays et d'autres formes d'aide qui leur sont octroyées ne sont pas aussi avantageuses qu'elles l'étaient il y a dix ans.

Plus récemment, cette situation s'est exarcerbée en raison du retrait soudain de l'aide américaine au développement. D’ailleurs, cette situation s'aggrave rapidement. Il y a environ trois mois, le choc de l'annonce de l'arrêt imminent du programme de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a été suivi immédiatement par sa fermeture dans tous les pays. La première réponse immédiate et rationnelle des pays africains a été d'identifier et de quantifier le risque qui en résulte. Tout d'abord, le risque direct sur le plan des domaines du budget national qui sont touchés et l'impact sur d'autres secteurs nationaux.

Aujourd'hui, alors que les effets indirects en termes d'impact sur l'architecture financière mondiale et sur les contextes de l'aide au développement étaient en cours de délibération, la nouvelle s’est répandue que divers pays donateurs à travers le monde allaient annoncer des réductions importantes de leur aide au développement, et ce, au moment où des gouvernements nouvellement élus prennent le pouvoir. Au cours de la semaine dernière, nous avons assisté à une guerre commerciale mondiale, quoiqu'avec une pause dans la mise en œuvre des droits de douane américains annoncés du jour au lendemain.

D'un point de vue africain, il est évident qu'il y a des pièges à éviter à l'avenir, notamment :

  • Les pays africains doivent entreprendre une action collective – ensemble, nous devons investir dans nos propres connaissances, compétences et ressources et décider des conditions d'emprunt ou d'aide.
  • Les fournisseurs sortants de l'aide au développement ne doivent pas être simplement remplacés par de nouveaux pays donateurs et partenaires - les pays doivent tout mettre en œuvre pour réduire leur déficit budgétaire annuel et leur dette accumulée.
  • Les systèmes nationaux devraient être utilisés par les partenaires et mis au point afin de réduire le risque actuel de non-accès aux informations administratives et autres en cas de retrait.
  • Les normes et pratiques techniques internationales en matière de gestion des finances publiques devraient être revues afin de s'assurer de la prise en compte du contexte local dans le cadre du respect des bonnes pratiques pour éviter les conséquences imprévues et de confondre le contrôle avec la gouvernance et l’obligation de rendre compte.

Essentiellement, les systèmes nationaux de finances publiques doivent être réévalués pour en déterminer la fonctionnalité, centrés intentionnellement sur toutes les sphères de l’administration publique et d'autres parties prenantes au niveau national, afin de tirer parti de la collaboration et de la coopération sur le continent et au niveau régional. Sans rejeter le moins du monde l'importance des réformes macrobudgétaires nécessaires, en plus de la discipline budgétaire descendante, il faut mettre l'accent sur le provisionnement budgétaire ascendant destiné à la prestation de services sectoriels de première ligne aux citoyens.

Gagner la confiance du public signifie être directement responsable devant les citoyens. Pour ce faire, les pays doivent faire confiance à leur propre architecture et à leurs propres processus financiers, à leurs propres ressources humaines et, en fin de compte, à leur propre prise de décisions. Dans le domaine national, les pays ont plus de contrôle sur l'administration et la prestation de services sectoriels qu'ils n'en exercent actuellement.

CABRI a le privilège de travailler énormément dans les pays à travers le continent, ce qui est illustré par notre Dialogue sur les Politiques de l'année dernière à Maurice, qui a attiré des participants et des représentants de 13 ministères africains des Finances et de la Santé. Il existe un consensus croissant sur l'impact du financement direct et de l'autonomie financière des établissements de santé. Les données semblent indiquer que l'autonomie dans la prise de décisions financières en première ligne améliore l'efficience de l'allocation et de la dépense des fonds pour la prestation des services de santé, renforce la transparence et l’obligation de rendre compte, améliore la réactivité aux besoins des communautés locales et produit de meilleurs résultats qui sont également plus équitables en matière de santé. Alors que les ministères des Finances peuvent être peu disposés à accroître l'autonomie financière de ces établissements par crainte de perdre leur surveillance et leur contrôle financier, le système d'architecture budgétaire et les processus mis en place ne semblent pas être neutres en ce qui concerne leur impact sur la prestation des services.

L'expérience des pays montre que le pragmatisme est de mise. Pour des établissements de petite taille, 500 USD par mois pourraient suffire à couvrir les dépenses de fonctionnement de base, ce qui ne poserait pas de risque fiduciaire majeur et ne menacerait pas la discipline budgétaire du pays. Une plus grande responsabilité (obligation de rendre compte) n’est pas nécessairement toujours facilitée par davantage de contrôles. Par ailleurs, il ne faut pas assimiler robligation de rendre compte et contrôle. Des contrôles ex-ante stricts des dépenses ne devraient pas être imposés systématiquement sans tenir compte du contexte local, car cela induit des risques. En réalité, les contrôles improductifs forcent parfois les gens à sortir des systèmes de santé et d'autres systèmes, ce qui compromet l'obligation de rendre compte.

Une action collective à l'échelle du continent est nécessaire pour s'assurer que nous tirons parti de notre dividende démographique en utilisant notre compréhension intrinsèque de notre contexte, de nos ressources humaines et autres. Les appels à la bienveillance mondiale ne seront pas autosuffisants. Pour gagner la confiance du public, nous devons à dessein, planifier ensemble un avenir et en rendre compte, en ayant recours à tous les outils de gestion des finances publiques que nous avons mis en place et en les utilisant à cette fin expresse.

Alors que les membres fondateurs de CABRI avaient la vision d’établir un réseau africain collégial d’États membres pour le développement concerté d'une réforme percutante de la gestion des finances publiques, l'intensité de la vitesse et de l'impact des changements mondiaux actuels n'aurait pas pu être anticipée.

Les réformes de la gestion des finances publiques et la collaboration passées du réseau et des pays de CABRI doivent maintenant être amplifiées de manière collective.

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