Les responsables du budget se trouvent souvent confrontés à des changements de circonstances qui perturbent en cours d’exercice même les budgets les mieux préparés. Certaines pressions courantes nécessitent rien de plus que des ajustements réguliers à apporter aux plans, tandis que d’autres deviennent chroniques et ont un impact important sur les finances publiques. Puis, il y a les chocs extraordinaires qui peuvent être soudains et menacent fortement la stabilité budgétaire et la prestation des services. La Conférence 2017 de CABRI, qui s’est tenue au Burkina Faso en mars et à laquelle ont participé 69 fonctionnaires de 26 pays africains, a examiné comment les gouvernements peuvent mieux se préparer à de telles pressions budgétaires et les gérer sans perturber la prestation des services et contracter un endettement insoutenable.
Les pays ont signalé que les crises budgétaires résultant de pressions extraordinaires exposaient leurs faiblesses institutionnelles. Au Libéria, par exemple, la crise sanitaire due à la maladie à virus Ebola, a dévoilé la dépendance vis-à-vis des ressources humaines financées par les donateurs dans le secteur de la santé, et, la faiblesse de la coordination entre le centre et la périphérie. Toutefois, les crises créent l’opportunité et l’espace politique permettant de remédier à ces faiblesses.
En cas de crises budgétaires, les pays optent tous pour des interventions à multiples facettes, y compris pour des efforts visant à accroître les ressources disponibles, à compresser les dépenses ailleurs et à reporter ou à minimiser les effets de la crise. Cependant, les pays ont souligné la nécessité de disposer de bonnes données et analyses pour que les ministères des Finances aient le choix entre plusieurs options et puissent les mettre en balance.
À court terme, les pays trouvent l’espace budgétaire nécessaire en rééquilibrant le portefeuille de leur dette, en compressant les dépenses non essentielles et en ramassant les soldes de trésorerie dormants. Viennent s’ajouter toutefois à ces mesures à court terme, des interventions à plus long terme pour prévenir une réapparition ou une aggravation de la crise et pour renforcer la capacité d’adaptation financière. La crise financière du Lesotho, par exemple, a conduit à des efforts de diversification de sa base de recettes et de renforcement de l’encaissement des recettes. Outre le renforcement de l’élaboration du budget et de la gestion des risques de catastrophe, Madagascar a choisi de souscrire une assurance contre les risques de catastrophe.
Enfin, les participants à la Conférence ont débattu du rôle important que jouent les ministères des Finances dans l’atténuation des effets des pressions budgétaires, étant donné les pressions politiques exercées sur les décisions budgétaires. De l’avis général, les technocrates se doivent de communiquer les compromis afin que les décideurs politiques soient forcés de faire face aux pressions, fassent des choix fondés et soient tenus responsables des décisions qu’ils prennent. Toutefois, les décideurs politiques ne peuvent être tenus responsables que si les compromis et les choix sont aussi communiqués à ceux qui leur demandent de rendre des comptes. Concomitamment, les participants ont cependant convenu que les ministères des Finances ne peuvent agir seuls. Identifier les acteurs clés puis collaborer avec eux, permet aux ministères des Finances de voir un tableau complet du problème, d’exposer toutes les options disponibles et de rassembler les acteurs afin de mettre en œuvre une approche unifiée.
Dans l’ensemble, bien que la Conférence ait examiné diverses options d’intervention en temps de crise, elle a également souligné que les systèmes de bonne gestion des finances publiques qui peuvent contribuer à prévenir les pressions extraordinaires, notamment celles qui se trouvent en grande partie sous le contrôle d’un pays, sont également indispensables à la gestion des crises quand elles se produisent.