Au 15 avril 2020, 11 843 cas de COVID-19 ont été confirmés dans 48 pays africains. Bien que la pandémie de Covid-19 soit une crise sanitaire, elle est aussi devenue une crise financière qui représente l’une des plus grandes menaces pour la gestion des finances publiques depuis la crise financière de 2008. Cette situation présente de multiples défis pour les agences centrales de financement (ACF), en particulier celles qui ne disposent pas d’espace budgétaire pour fournir des services de santé supplémentaires et limiter les perturbations économiques.
Afin d’éviter la destruction irréparable à long terme de nos finances publiques, il est indispensable que les ministères des Finances en Afrique agissent de manière décisive et pragmatique. Ils doivent également se voir accorder par les politiciens et les autorités sanitaires l’espace nécessaire pour mener les efforts visant à financer les soins de santé liés au COVID-19, tout en veillant à ce que les autres dépenses prioritaires soient toujours prises en compte et que le surendettement soit évité. Compte tenu de la marge de manœuvre budgétaire limitée dont disposent nos ministères des Finances, il importe plus que jamais, que leurs réponses à cette crise soient novatrices, adaptées au contexte et qu’elles soient le fruit d’une collaboration avec de multiples parties prenantes, aussi bien du secteur privé national, du secteur public que de la communauté internationale.
De manière rassurante, nous sommes déjà témoins d’innovations et de leadership ferme à travers le continent. L’Éthiopie, le Nigéria et le Maroc ont mis en place des unités et des comités chargés de mobiliser des ressources et de suivre l’évolution économique liée au COVID-19. La Trésorerie nationale sud-africaine a créé une adresse courriel où les membres du public peuvent envoyer des suggestions sur la meilleure façon pour la Trésorerie nationale sud-africaine de faire face à la charge financière associée au COVID-19 et au confinement dans tout le pays. Nous avons également commencé à voir des allégements fiscaux temporaires accordés aux particuliers et aux petites et moyennes entreprises en Algérie, en Égypte, en Éthiopie, au Kenya, au Maroc, en Afrique du Sud, à Madagascar et en Ouganda. En Gambie, qui ne compte que quatre cas confirmés, le Président a invoqué des pouvoirs spéciaux pour geler les prix et rationner les denrées alimentaires essentielles afin d’éviter la hausse des prix et la constitution de réserves. La Tunisie, l’Égypte, Madagascar, Maurice, le Maroc, le Nigéria et le Sénégal ont introduit des transferts monétaires directs, une aide alimentaire et l’augmentations des retraites.
Cependant, il faudra faire bien davantage, si nous voulons nous en sortir relativement indemnes. Nous attendons de voir comment les pays mobiliseront leurs ressources intérieures pour combler le déficit de financement qui se creuse rapidement. C’est là que l’innovation et les échanges entre pays seront les plus utiles. Il est essentiel que les ministères africains des Finances dialoguent avec leurs homologues d’autres pays du continent sur la façon dont ils ont l’intention de répondre à ces pressions budgétaires extraordinaires et d’élaborer une stratégie cohérente à l’échelle continentale.
Comprenant l’importance de l’échange et de l’apprentissage entre pairs, en particulier face à des pressions exogènes sans précédent, CABRI lancera le 9 avril. Le Moniteur africain des mesures en finances publiques COVID-19. Ce moniteur donnera une vue d’ensemble consolidée de la façon dont les ACF africaines réagissent à l’implication budgétaire de Covid-19 par le biais : (i) d’ajustements budgétaires et de réaffectations ; (ii) de la création de fonds spéciaux et d’unités de financement ; (iii) de la mobilisation des ressources ; (iv) du secteur social et du soutien aux entreprises ; (v) de mesures de politique monétaire ; et, (vi) de l’achat stratégique de médicaments et de l’équipement médical. Le Moniteur africain des mesures en finances publiques Covid-19 sera actualisé fréquemment, au fur et à mesure que les mesures de riposte budgétaire des ministères africains des Finances continuent d’évoluer.