La crise sanitaire sans précédent à l’échelle mondiale a renforcé la nécessité d’un système de gestion des finances publiques solide et résilient dans les pays africains. De la coopération régionale (avec une plateforme d’achat groupé par le CDC Afrique de l’Union africaine) à la réaffectation de fonds au budget de la santé, en passant par la redevabilité publique et la transparence des ressources utilisées dans la lutte contre la pandémie (Fonds COVID-19), les pays africains doivent relever des défis qui font l’objet de contraintes temporelles dans un contexte de ressources limitées.
Les 12 et 13 août, l’Initiative africaine concertée sur la réforme budgétaire (CABRI) a organisé un atelier de deux demi-journées pour rassembler des fonctionnaires de ministères africains de la Santé et des Finances dans le cadre d’un atelier virtuel de haut niveau. Des hauts fonctionnaires des pays membres de CABRI et de ministères africains des Finances, du Budget, de la Planification économique et de la Santé, de Bureaux (Directions) de la passation des marchés et des partenaires du développement se sont réunis pour partager et apprendre comment leurs pairs d’autres pays gèrent leurs ressources limitées pour des décisions efficaces en matière de financement de la santé et de gestion du budget ; pour réfléchir (1) à la manière d’assurer la transparence et la redevabilité en temps de crise, et, (2) au financement de la santé.
L’atelier a réuni 34 participants de 13 pays (Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Libéria, Mali, Maurice, Nigeria, République démocratique du Congo et Rwanda) et de plusieurs organisations (CDC Afrique, Afritac-Sud du FMI, Union africaine, SPARC, Bureau régional de la santé d’Oromiya en Éthiopie).
L’atelier a été lancé par un discours liminaire du Dr. Kesete Admasu, PDG de Big Win Philantrophy et ancien ministre éthiopien de la Santé. Il a évoqué les défis auxquels étaient confrontés les pays africains pour atténuer la pandémie, la nécessité d’instaurer une continuité des services pendant la pandémie de COVID-19 et comment nous pourrions régresser en ce qui concerne les progrès accomplis dans le domaine du VIH, de la tuberculose et du paludisme, si les systèmes de santé en Afrique étaient débordés. Il a également réitéré l’importance de consolider le système de soins de santé primaires qui devrait être maintenu comme l’un des piliers d’un système de santé durable dans les pays. Il a déclaré que les pays devaient réinventer leur approche en tant que société afin d’assurer le meilleur niveau possible de santé, de bien-être et de justice sociale. Les messages clés du Dr. Admasu à l’auditoire étaient centrés sur la nécessité d’une mobilisation des ressources, la mutualisation pour garantir l’accès à la santé et protéger contre les risques, et, l’efficience de l’achat comme moyen de transfert des ressources pour assurer l’équité.
Les questions posées aux participants à l’atelier pour les séances de remue-méninges et de réflexion au cours des deux jours ont été les suivantes :
· Comment accroître l’affectation de ressources budgétaires aux soins de santé au-delà de l’allocation par poste et en utilisant les soins de santé primaires pour vaincre la COVID-19 et comme voie vers la réalisation du système de santé universel ?
· Comment mettons-nous en commun nos ressources aux niveaux national, régional et international et comment utilisons-nous ces ressources pour obtenir de meilleurs résultats et améliorer l’efficience technique dans le domaine de la santé ? Les pays africains peuvent potentiellement avancer rapidement dans le secteur de santé en utilisant la santé numérique et recourir à une technologie mobile multidisciplinaire de qualité ainsi qu’au transfert monétaire mobile, à la télémédecine et à la télésanté pour réinventer les soins de santé primaires.
Les participants ont eu l’occasion d’écouter M. Alfred Okho, conseiller auprès du Directeur général du ministère fédéral des Finances, du Budget et de la Planification nationale, qui a présenté les défis auxquels font face les pays dont le Nigéria durant la pandémie de COVID-19. Puis, le Dr. Nkechi Oralere, M.D., Directeur exécutif du Centre de ressources pour les achats stratégiques en Afrique (SPARC ou Strategic Purchasing Africa Resource Centre) a parlé de la gouvernance et de la redevabilité en matière d’achat stratégique.
Les participants à la deuxième journée de l’atelier ont été répartis en deux séances en petits groupes : (i) M. Neil Cole, Secrétaire exécutif de CABRI, a dirigé la discussion sur le financement de la santé. En réponse à ces pressions budgétaires, de nombreux pays africains s’intéressent de plus en plus à la recherche de moyens inventifs fondés sur des données probantes d’accroître le financement, par exemple par le recours à des instruments de financement novateurs, par l’augmentation des gains d’efficience grâce à des outils tels que l’achat stratégique et l’utilisation d’instruments qui ont un impact positif sur la santé publique tout en augmentant la disponibilité des ressources pour la santé tels que les taxes sanitaires ; (ii) Mme Ashveena Gajeelee, cheffe du service technique de CABRI, a mené la discussion sur la transparence et la redevabilité. Cette séance s’est concentrée sur le rôle des institutions et la nécessité pour les ministères des Finances et de la Santé de travailler plus étroitement ensemble pour accroître l’affectation des ressources et l’efficience des budgets et des processus de santé. Les participants ont discuté de la manière dont les pays budgétisent la santé et de la façon dont l’interaction entre les différentes parties prenantes, en particulier entre les ministères des Finances et les ministères de la Santé, pourrait être améliorée. Les délégués des pays ont fait part des mises à jour de changements de politiques pour lutter contre la pandémie.
Écouter le discours liminaire du Dr. Kesete Admasu, PDG de Big Win Philantrophy et ancien ministre éthiopien de la Santé ici.
Note: La vidéo est disponible en anglais uniquement.