Le pays qui était à l'honneur pour le troisième numéro de notre Bulletin d'information à l’intention des gestionnaires de la dette publique en Afrique sur « Retour aux principes fondamentaux», était l’Angola.
L’Angola a récemment enregistré une reprise progressive après le choc de la COVID-19, dans un contexte de hausse des prix mondiaux du pétrole, de faibles niveaux d’infections à la COVID-19 signalés et du début d’une campagne de vaccination. Moody’s a également relevé la notation à long terme des émetteurs du gouvernement angolais de Caa1 à B3. Le rehaussement est motivé par l’évaluation de Moody’s selon laquelle le profil de crédit souverain de l’Angola s’améliore et la gouvernance se renforce, en particulier dans la qualité des institutions exécutives et législatives du pays (Moody’s 2021). Les indicateurs budgétaires ainsi que les risques de liquidité et de financement devraient également s’améliorer. Cependant, S&P & Fitch attribuent toujours des notations dans les C qui pèsent sur le profil.
Des risques pour les finances publiques demeurent, les niveaux élevés d’endettement public représentant la plus grande menace pour la stabilité financière. Compte tenu des niveaux élevés de la dette publique (culminant à 135 % du PIB en 2020 et devant être réduits à 86 % d’ici à 2024), les paiements au titre du service de la dette évincent de plus en plus d’autres dépenses essentielles du budget. Toutefois, la hausse des prix du pétrole par rapport à l’année précédente et la stabilité du taux de change permettront à l’impact positif des efforts d’assainissement des finances publiques (ou rééquilibrage budgétaire) et de l’amélioration structurelle de la gestion de la dette et des finances publiques d’être visible dans une tendance à la baisse du fardeau de la dette. La décision du gouvernement d’économiser la majeure partie des recettes supplémentaires pétrolières cette année est un exemple de discipline budgétaire (IMF, 2021b).
Afin de réduire les coûts, de créer un espace budgétaire et de soutenir un ratio dette/PIB en baisse constante, le gouvernement angolais a opté pour l’allégement de la dette et le reprofilage du portefeuille de la dette, au moyen d’une demande officielle au titre de l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) du G20. L’Angola a suspendu le remboursement du principal et des intérêts sur la dette en cours à compter de septembre 2020, tout en progressant dans la signature d’un protocole d’accord avec ses créanciers. Les opérations de reprofilage, y compris l’ISSD, contribueront à porter le besoin de financement brut annuel à des niveaux plus gérables tout au long de la période 2021-2025 (moyenne projetée de 8,7 % du PIB).
Associé à un moratoire sur le remboursement de la dette pour les trois prochaines années, l’Angola cumulera un allégement des flux de trésorerie de 6,9 milliards de dollars en 2020-2022, qui augmentera encore avec le prolongement de l’ISSD.
Malgré l’aménagement de la dette (ou reprofilage) et la vigueur du rééquilibrage budgétaire, le service total de la dette restera important et mérite une gestion prudente. Il devrait dépasser 100 % des recettes budgétaires en 2020, mais diminuer à environ 80 % à moyen terme (IMF, 2021b).
Le profil d’endettement de l’Angola reste également sujet à d’importantes vulnérabilités. Il s’agit notamment de l’exposition au risque de change, de l’exposition au risque de taux d’intérêt et de l’étroitesse de la base des créanciers, en particulier sur le marché intérieur.
Reconnaissant ces défis, le Gouvernement angolais s’est engagé à poursuivre la mise en oeuvre d’une stratégie prudente et proactive de gestion de la dette pour soutenir la viabilité de la dette. Par conséquent l’Angola :
• continuera à respecter les plafonds d’émission de garanties d’emprunt par l’État;
• alignera les taux d’intérêt des marchés intérieurs sur les taux du marché ;
• développera les marchés intérieurs des capitaux d’emprunt ;
• allongera la structure des échéances de la dette intérieure ;
• mettra en oeuvre des stratégies de gestion de la dette pour réduire les coûts et les risques ; et,
• budgétisera en fonction des besoins et des priorités.
La communauté internationale soutient actuellement l’Angola pour assurer la stabilité financière, remédier aux vulnérabilités et atténuer les chocs possibles sur l’économie. La volonté politique et l’adhésion des hauts responsables politiques et décideurs pour soutenir les initiatives de réformes sont essentielles. Les Angolais comprennent parfaitement les exigences et se consacrent au processus visant à stabiliser l’économie, à restaurer leur crédibilité et à refaire de l’Angola une destination d’investissement attrayante.