Le rapport de la RCA repose sur un travail de terrain réalisé à Bangui sur une période de trois semaines en août 2019. La revue consiste en des interviews approfondies avec 13 informateurs clés occupant une position avantageuse pertinente pour réfléchir à une fonction particulière de la GFP. Les interviews qualitatives sont accompagnées d’une enquête quantitative menée auprès de 225 fonctionnaires des finances publiques de deux ministères (le ministère des Finances et du Budget et le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération).
L’évaluation révèle que la RCA a du mal à améliorer la crédibilité budgétaire, du fait principalement de l’absence au stade de la formulation du budget, de compétences institutionnelles clés en matière de prévision des recettes. Le manque de volonté politique (ou l’absence de compétences réglementaires) à tenir l’exécutif responsable de ses actes s’avère plus important pour les problèmes de crédibilité budgétaire au stade de l’exécution. Sur le plan technique, les compétences statistiques et analytiques censées jeter les bases d’une prévision fiable des recettes ont été affaiblies, notamment en raison du conflit.
Notre enquête menée auprès des fonctionnaires des finances publiques et de la planification indique également que la motivation du personnel est la plus faible au sein des fonctions de planification et de statistiques (par rapport à l’exécution et au contrôle budgétaires, et aux fonctions de recettes et du Trésor). Sur le plan politique, il semble y avoir un intérêt direct à avoir des prévisions de recettes trop optimistes afin de créer de l’espace pour des dépenses discrétionnaires supplémentaires.
Le problème permanent des arriérés en RCA est symptomatique de faiblesses profondément ancrées en matière de compétence en coordination des institutions de finances publiques. La synchronisation de diverses fonctions, telles que la prévision des recettes, la planification des dépenses, la gestion de la trésorerie et le contrôle interne, est essentielle à la minimisation de l’accumulation d’arriérés. L’approche cloisonnée de la réforme, qui se révèle plus répandue dans des domaines tels que la planification et les statistiques, pourrait avoir contribué au manque global de compétences en coordination.
Toutefois, le problème ne se limite pas à la coordination, car il représente également une manifestation du problème commettant-préposé entre le pouvoir législatif (le commettant) qui devrait effectuer le suivi des performances du pouvoir exécutif (le préposé) qui est chargé d’exécuter le budget approprié. Le manque de connaissances techniques de la part des législateurs compromet les compétences réglementaires de l’État dans le domaine de la GFP.
La gestion d’une transition au sortir du conflit national prolongé exigera certainement une utilisation efficiente et judicieuse des ressources publiques limitées. Cette approche, à son tour, repose sur le travail minutieux du renforcement des compétences du personnel de toute la chaîne de GFP, de la planification au contrôle externe.
En RCA, le niveau de motivation généralement faible et le niveau d’inadéquation des compétences considérablement élevé, tels que perçus par les répondants à l’enquête, rendront difficile la mise en œuvre efficace des réformes de la GFP et le maintien des acquis initiaux. Il est particulièrement inquiétant de constater qu’il existe très peu d’opportunités de mentorat disponibles pour le personnel nouvellement recruté dans les principales institutions de finances publiques. Cette situation est sans doute dû au fait que le taux de rotation (potentielle) semble augmenter en fonction de l’expérience, ce qui risque de laisser les nouveaux arrivants face à une pénurie de mentors éventuels.