Début avril, une nouvelle cohorte de réformateurs budgétaires s'est officiellement lancée dans l'édition 2024 du programme « Renforcer les compétences en finances publiques (RCFP) ». Des équipes-pays de Côte d'Ivoire, de Guinée et, pour la première fois, du Kenya et de Maurice, participent à ce programme d'apprentissage par l'action de 12 mois qui visent à renforcer les compétences pour s'attaquer aux problèmes de finances publiques locales.
Après avoir suivi un premier cours en ligne de 5 semaines, les équipes-pays se sont réunies à Pretoria pour participer à un premier atelier de cadrage du 10 au 13 juin dernier. L'atelier a été l'occasion pour ces équipes d'approfondir les problèmes urgents de finances publiques auxquels elles sont confrontées et d'identifier l’espace de changement dans le cadre de systèmes d'incitation complexes et de contraintes d'économie politique.
Sur la base des données probantes existantes et grâce à des discussions facilitées, les 4 équipes-pays ont identifié les problèmes urgents de finances publiques qui sont les plus susceptibles de mobiliser un soutien à l'intérieur et à l'extérieur de leurs institutions. L'équipe mauricienne s'attaquera aux retards persistants dans la livraison des projets en capital (ou projets d'investissement), qui ont des effets visibles sur la dotation en infrastructures du pays, en particulier celles hydrauliques. Face à la montée des pressions budgétaires, l'équipe kényane cherche à s'attaquer aux inefficiences des systèmes et des processus de gestion de trésorerie, afin d'optimiser la valeur des liquidités et des emprunts. De même, l'équipe ivoirienne s'attaque aux pressions budgétaires croissantes dues à l'augmentation des coûts du service de la dette, par rapport à la capacité plus limitée de perception des recettes. Enfin, l'équipe guinéenne s'appuiera sur le travail de ses collègues guinéens de la cohorte précédente, afin de comprendre et d’essayer de maîtriser les principaux facteurs conduisant à l'accumulation d'arriérés.
Après avoir identifié les points d'entrée et les idées réalisables, les équipes-pays vont maintenant se lancer dans un processus d'apprentissage par l'action, au cours duquel elles approfondiront leur compréhension de ces problèmes en rassemblant davantage de données et d'éléments probants et, surtout, en recueillant les divers points de vue des parties prenantes sur le problème et ses causes. L'émergence de nouveaux apprentissages leur permettra également d'identifier et d'expérimenter, d'itérer et d'adapter des idées locales pour trouver des solutions. Tout au long du processus, chaque équipe-pays bénéficiera du soutien d'une coach CABRI, qui rencontrera régulièrement ses membres pour faire le point sur les progrès réalisés et, tout aussi important, pour faciliter les réflexions sur les nouveaux apprentissages susceptibles d'avoir une incidence sur la manière dont le problème devrait être abordé.
Dans un contexte de pressions budgétaires persistantes, d'élections générales et de demandes sociales croissantes en matière de prestation de services et d’obligation de rendre compte, il sera nécessaire d'adopter une approche pragmatique et d'aller au-delà des correctifs techniques pour résoudre durablement ces problèmes. Pour ce faire, les équipes-pays devront transcender les mandats divisionnaires cloisonnés afin d'être en mesure d'identifier les lacunes interconnectées dans les processus, les systèmes et, plus sérieusement, les personnes (et, par extension, leurs incitations et motivations complexes) et la manière dont elles sont liées aux problèmes.
Nous nous réjouissons à la perspective de réunir les équipes-pays en septembre pour une évaluation à mi-parcours de leurs progrès et pour faciliter de nouveaux échanges entre pairs.