Depuis les 30 dernières années, les gouvernements africains mettent en œuvre des réformes de la gestion des finances publiques (GFP) avec des résultats mitigés. Bien que les budgets, les lois et les processus se soient améliorés, ils ne sont pas mis en œuvre efficacement (Andrews 2010). Les solutions techniques, généralement copiées sur des pays à revenu élevé, ne tiennent pas toujours compte du contexte local et peuvent conduire à des insuffisances de capacité et à un manque d’appropriation lorsque le projet se termine et que les consultants partent.
Un projet de plusieurs millions de dollars au Ghana mis en œuvre dans le but d’introduire un nouveau système d’information sur la gestion financière a été considéré par la suite comme « trop complexe, alors que de simples tableurs auraient suffi » et comme ayant créé « un très gros défi conceptuel, technique et de gestion » (Banque mondiale 2008). De même, un projet visant à introduire un Cadre de dépenses à moyen terme (MTEF) au Ghana a opté pour une budgétisation par activités « qui a produit des documents volumineux et très détaillés, d’où la difficulté de discerner les stratégies et les priorités sur lesquelles reposent les budgets des ministères, départements et organismes, allant ainsi à l’encontre du but de l’exercice » (OCDE 2012).
Il n’est donc pas surprenant que le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, ait tenu les propos suivants la semaine dernière à l’occasion d’une conférence de presse commune avec le président français Emmanuel Macron :
« Nous ne pouvons plus continuer à mener des politiques pour nous, dans notre pays, dans nos régions, sur notre continent sur la base de l’aide que le monde occidental, la France ou l’Union européenne peut nous apporter. Cela n’a jamais marché et ne marchera jamais. Il est de notre responsabilité de tracer une voie qui permettra de développer nos nations par nous-mêmes. »
Les recherches menées dans le cadre du programme Building State Capability (BSC) portent sur la manière dont les gouvernements peuvent résoudre leurs propres problèmes, en utilisant leurs propres ressources et leurs propres idées. Plus tôt dans l’année, notre équipe BSC a collaboré avec CABRI en vue de travailler avec des équipes gouvernementales de 7 pays africains dans ce but bien précis.
En mai 2017, des équipes librement choisies représentant le Ghana, le Liberia, le Lesotho, le Nigeria, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud et la Gambie ont participé à un atelier en Afrique du Sud, munies d’un problème pressant concernant la GFP qu’elles souhaitaient résoudre. Pendant quatre jours, les équipes ont été guidées à travers un processus visant à créer un énoncé de problème qui importe, à décomposer le problème pour en déterminer ses causes profondes, à identifier les points d’intervention de départ appropriés pour les deux prochaines semaines et à décider ce à quoi le succès ressemblerait dans six mois. Un coach de CABRI a aussi été désigné pour chaque équipe dans le but de l’aider.
Après l’atelier, nous sommes restés en contact avec les équipes en leur envoyant régulièrement des missions individuelles et par équipe en ligne, en leur demandant des mises à jour sur ce qui avait été fait, sur ce qu’elles avaient appris et sur les prochaines étapes. Les coachs de CABRI ont aussi procédé à des contrôles réguliers avec leurs équipes (à la fois à distance et en personne) pour faire en sorte qu’elles restent motivées et sur la bonne voie.
La semaine prochaine (11 au 13 décembre), nous nous retrouverons tous en Afrique du Sud pour un dernier atelier au cours duquel les équipes présenteront ce qu’elles ont accompli et ce qu’elles ont appris au cours de ces 7 mois, ainsi que les étapes à venir. Cet évènement sera aussi l’occasion d’un apprentissage entre pairs, car les équipes donneront un feedback structuré à leurs collègues après chaque présentation. Les équipes sont au cœur de cet atelier car ce sont elles qui ont fait tout le travail.
Le fait de collaborer avec une organisation dans le but de dispenser une formation PDIA est une approche relativement nouvelle pour le BSC, mais nous sommes satisfaits des résultats obtenus jusqu’à présent. 90% des fonctionnaires ont répondu à une enquête d’évaluation et 100% d’entre eux ont qualifié la qualité du programme d’excellente ou de très bonne. Voici ce qu’un des participants a déclaré à propos de son expérience :
« Ce programme est unique et différent des autres formations sur la GFP que j’ai suivies. Pourquoi ? Le programme a adopté l’approche consistant à « faire les choses soi-même ». Il a utilisé les locaux comme des experts pour définir les problèmes et, avec les conseils et le soutien de l’équipe de CABRI, y apporter des solutions. Dans les autres formations sur la GFP auxquelles j’ai participé par le passé, comme la formation sur le Cadre de dépenses à moyen terme, les experts venaient de l’extérieur avec leurs idées très exotiques qui n’ont pas survécu après le départ des « experts ». Elles n’ont tout simplement pas marché. »
Nous avons hâte d’entendre ce que les équipes ont à dire la semaine prochaine et nous prévoyons d’écrire d’autres articles de blog dans les jours à venir sur ce sujet. Vous pouvez vous tenir au courant des mises à jour futures ici .
Remarque : Ce blog a été initialement publié sur le site Web du programme Building State Capability (BSC) du Centre pour le développement international (CID) de l'Université d’Harvard sous l’intitulé « Building PFM Capabilities in Africa » (Renforcer les capacités en matière de GFP en Afrique)