Comme l'a déclaré Kay Brown, la Secrétaire exécutive de CABRI, dans son message pour ce numéro des Notes de CABRI sur la GFP en Afrique : la confiance du public est devenue un sujet brûlant. Des rapports semblent indiquer que les niveaux de confiance du public dans le gouvernement se détériorent dans de nombreux pays du monde. Au cours des derniers mois, nous avons assisté en Afrique du Sud, à la perte par le Congrès national africain (ANC) de sa majorité politique pour la première fois depuis la fin de l'apartheid. À peu près la même semaine, la jeunesse kényane est descendue dans la rue pour protester contre un projet de loi de finances controversé et contre le détournement abusif perçu des deniers publics existants.
Au cours des trois derniers mois, nous avons été invités à partager nos réflexions sur la confiance, la transparence et la participation du public lors de trois événements distincts. Lors d'une conférence de la Banque mondiale, Dre Brown a discuté de l'amélioration de la confiance en tant que membre d'une bureaucratie. Mme. Joana Bento, Responsable de programme et Cheffe par intérim de la Division des finances publiques, s'est entretenue avec le personnel de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) en Afrique du Sud sur le rôle des réformes de la GFP dans l'instauration de la confiance. Enfin, je faisais partie d’un groupe de spécialistes, lors de la conférence annuelle de la Banque africaine de développement (BAD) au Kenya, à Nairobi, qui a examiné comment le financement du développement peut soutenir l'instauration de la confiance et la participation des organisations de la société civile (OSC). Vous trouverez ci-dessous un résumé de certaines de ces discussions.
La confiance et la transparence apparaissent souvent comme les deux facettes d'une même question. Des évaluations mondiales, telles que l'Enquête sur le budget ouvert (EBO) et l’Initiative relative aux dépenses publiques et à la responsabilité financière (PEFA), soulignent l'importance de publier des données budgétaires et d'établir des législations et des pratiques institutionnalisées pour la participation du public ,et ce, pour de bonnes raisons. Il ne faut pas chercher loin pour trouver une liste de raisons pour lesquelles un processus budgétaire plus transparent et inclusif représente une amélioration de nos systèmes de financement public.
Par exemple, la participation du public est la pierre angulaire de la démocratie, car elle permet aux citoyens d'influencer les politiques et les dépenses entre les cycles électoraux. Elle crée des opportunités pour réduire la corruption et renforcer la responsabilité dans les dépenses publiques. Une meilleure transparence est liée à une réduction des coûts d'emprunt, car elle renforce la confiance des créanciers dans la situation financière d'un gouvernement, ce qui permet aux gouvernements d'accéder plus facilement à des fonds pour répondre aux besoins de leurs citoyens. En fin de compte, chacun de ces points peut assurer une meilleure affectation des fonds publics aux priorités de la population.
Cela dit, l'instauration de la confiance ne se limite pas à la publication d'un budget ou à la tenue de consultations publiques. La communauté internationale promeut depuis longtemps la transparence et la participation, sans pour autant que ces réformes se traduisent par une amélioration significative de la confiance dans le gouvernement ou par un renforcement des dépenses publiques. C'est là que nous, CABRI, mettons l'accent sur la distinction entre la transparence nominale et la transparence active. Dans le premier cas, les gouvernements peuvent simplement publier le budget ou tenir une réunion de consultation publique. Pour qu'apparaisse une transparence active, il faut tenir davantage compte des informations nécessaires, par qui elles sont données, à quelle fréquence et de la manière dont elles doivent être présentées. En outre, les institutions qui reçoivent ces informations, telles que les OSC, les assemblées législatives ou les institutions supérieures de contrôle des finances publiques (ISC), doivent avoir la possibilité et la capacité de s’impliquer et de réagir à ces informations.
L'instauration d'une transparence active est l'une des options dont disposent les gouvernements pour rétablir la confiance du public. Cependant, l'accent doit être mis non plus sur des outils ou des processus spécifiques, mais sur l'établissement d'une relation entre les parties du gouvernement et les citoyens ou les assemblées législatives qu'elles ont l'intention d’impliquer. Ce processus n'est pas facile et exige que les gouvernements identifient où les points de vue des OSC et des citoyens améliorent les systèmes de GFP et, au bout du compte, prennent le temps de comprendre comment ces groupes veulent s'engager. Le ministère des Finances (MdF) n’a pas à jouer ce rôle seul, les gouvernements infranationaux et les ministères dépensiers qui ont différentes occasions d'entendre les points de vue des citoyens, peuvent également être mobilisés.
Bien qu'il n'y ait pas de solution miracle pour améliorer la confiance, l'utilisation d'une approche contextuelle et adaptative reste essentielle à la façon dont CABRI estime que la transparence active peut être mise en place. Les pays doivent comprendre les perspectives et les besoins des OSC et des citoyens, et être prêts à tester des approches d’engagement et, à terme, à adapter ces approches en fonction de ce qui marche et des améliorations qui pourraient être apportées.
Il nous tarde de voir le jour où un pays membre de CABRI tirera parti du programme « Renforcer les compétences en finances publiques (RCFP) » pour améliorer la transparence active et gagner la confiance du public.